Ces vendredis sous le signe de la Triskaïdékaphobie. Quésako ?

 En effet, chacun aura compris qu'il est question ici d'une peur. La trouille de la triskaïdéka ? Vite ! Ouvrons le dico ! Ne vous tourmentez donc pas. TOP VOYANT va éclairer votre lanterne : il s'agit de la peur du chiffre 13 et qui, de surcroît, s'accentue avec le fameux vendredi 13.

L'année 2022 compte un seul vendredi 13, ce mois de mai. Toutes les années ne comportent en effet pas de "double vendredi 13", comme cela sera par exemple le cas en 2023 (qui comptera deux "jours du chat noir", un en janvier et un en octobre). 

Il ne s'est rien passé de particulier le Vendredi 13 par le passé. L'association qui relie le jour du vendredi, le chiffre 13 et le malheur puiserait sa source dans la bible. Selon le Nouveau Testament, au cours de la Cène (dernier repas du Christ), 13 participants siégeaient autour de la table : Jésus-Christ et ses 12 apôtres. L'Evangile de Matthieu cite toutes les personnes présentes : "Simon, appelé Pierre, et André, son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère ; Philippe, et Barthélemy ; Thomas, et Matthieu, le publicain ; Jacques, fils d'Alphée, et Thaddée ; Simon le Zélote (ou le Cananite), et Judas l'Iscariote, celui qui livra Jésus". Judas est souvent présenté comme le 13e convive, celui qui a tout fait basculer. Judas le traître et le vendredi 13 sont donc indissociables. La peur du vendredi 13 repose également sur le fait que le Christ a été crucifié un vendredi, qui deviendra le "Vendredi Saint" lors de la semaine de Pâques.




La crainte du vendredi 13 puiserait également son origine dans les mythes nordiques antiques. Comme avec l'épisode de la mort du Dieu Balder. Odin, dieu des guerriers, avait un jour, selon la légende, réuni onze de ses amis dieux pour un dîner, dans sa demeure de Valhalla. Loki, dieu de la guerre et du mal, vexé de ne pas être de la fête, décida de s'inviter malgré tout. Seulement, ce treizième invité surprise n'était pas le bienvenu. Le fils d'Odin, le beau Balder, dieu de l'amour et de la lumière, tenta de chasser l'intrus. Une bataille éclata entre les deux dieux qui se vouaient une haine depuis toujours. Loki, dieu jaloux et malveillant, lui décocha une flèche empoisonnée en plein coeur, abattant Balder le "bien aimé". Depuis cette légende, dans les pays scandinaves, le chiffre 13 est considéré comme maudit et être 13 à table porterait malheur. 

Frigga ou la diabolisation des croyances païennes, est un autre élément précurseur de la crainte du vendredi 13. Dans la mythologie nordique, Frigga (ou Freya) était la reine des dieux, déesse de l'amour et de la fertilité. Elle était célébrée par ses adorateurs le vendredi. Le mot "friday", vendredi en anglais, viendrait d'ailleurs de cette célébration et signifierait "Freya's day". Mais aux Xe et XIe siècles, les pays du nord sont progressivement convertis au christianisme. On se met alors à raconter que Frigga est en réalité une sorcière et qu'elle a été bannie au sommet d'une montagne. Pour se venger, elle inviterait, tous les vendredis, le diable et 11 sorcières pour maudire les hommes et leur jeter de mauvais sorts.

Le 13 est-il un destructeur d'harmonie ? Les Grecs et les Romains donnent eux-aussi à ce nombre une connotation négative dans les mythologies gréco-romaines du vendredi 13. Ces deux mythologies, qui comportent de grandes similitudes, associent toutes deux le chiffre 12 à la régularité et la perfection. Ainsi, il y a 12 dieux olympiens, 12 constellations, 12 signes du zodiaque, 12 heures du jour et de la nuit. Le nombre 13, qui implique d'ajouter une unité au 12 parfait, vient rompre ce cycle régulier et introduit le désordre. Détruisant l'harmonie, il est synonyme de malheur. Pour ce qui est du vendredi, il est associé aux événements malheureux puisque c'est ce jour-là, dans la Rome antique, que se déroulent généralement les exécutions des condamnés à mort. 

A l'approche du vendredi 13 janvier en 2017, le site Lastminute.com s'était amusé à sonder les superstitions des Européens. Résultat : ils étaient 15 % à craindre ce jour particulier sur le Vieux continent. Soit presque autant que ceux qui redoutaient de "casser un miroir" (21 %), de "passer sous une échelle" (20 %) ou d'"ouvrir un parapluie à l'intérieur" (17 %). Et davantage que les peureux de la salière, puisque les Européens sont quand même 15 % à être superstitieux quant au fait de renverser du sel. Pour autant, les Français restent un peu moins superstitieux que la moyenne de l'Europe, établie à 55 % : 52 % d'entre nous accordons une importance aux superstitions, contre 60 % pour les Espagnols ou encore 58 % chez les Italiens...