Les betteraves et les abeilles

 

Le Parlement autorise le retour temporaire des néonicotinoïdes pour la betterave

A titre dérogatoire, les producteurs pourront utiliser à nouveau des semences traitées avec ces pesticides bannis du marché depuis deux ans. Le projet de loi a suscité une forte vague de contestations chez les parlementaires.

 

C'était la dernière étape avant la promulgation du projet de loi permettant un retour des néonicotinoïdes dans les champs de betteraves français. Après sa validation en commission mixte paritaire jeudi dernier, puis à l'Assemblée nationale le lendemain, le Sénat a, à son tour, via un ultime vote mercredi soir, donné son accord à un texte controversé.

A titre dérogatoire, les producteurs de betteraves pourront de nouveau utiliser, jusqu'en juillet 2023, des semences traitées avec ces pesticides bannis du marché depuis deux ans. Le temps presse pour la filière puisque les dérogations devraient être effectives au plus tard en décembre afin que les industriels puissent produire les semences qui seront utilisées lors des semis en mars prochain.

« La filière de la betterave sucrière est en danger », a rappelé encore une fois le ministre de l'Agriculture, alors qu'un virus transmis par un puceron affecte les cultures. « Ce texte difficile n'est en aucun cas un texte de renoncement, mais un texte volontaire pour pouvoir faire la transition vers l'agroécologie, mais avec la filière française », a-t-il insisté.

Le projet de loi a suscité parfois beaucoup d'opposition, chez les défenseurs de l'environnement, et jusque dans les rangs des parlementaires où les débats ont été agités . En octobre, lors de la première lecture à l'Assemblée, 32 députés de la majorité avaient voté contre. Un record depuis le début du quinquennat. « Vous êtes conscients de la nocivité d'un produit, vous le réintroduisez malgré tout », a déploré mercredi le sénateur d'Ille-et-Vilaine Daniel Salmon.

Le texte, qui prend soin de rappeler le principe de l'interdiction des néonicotinoïdes, a circonscrit les dérogations qui pourront être accordées à leur réintroduction à la seule betterave sucrière, et après avis d'un conseil de surveillance. Le Sénat a aussi introduit un article qui permet aux ministres de l'Agriculture et de la Consommation de s'opposer à l'importation de denrées alimentaires traitées avec des substances interdites au niveau européen.